« Le bavardage des papiers » de Susanne Rambach

C’est avec infiniment de plaisir que l’on se prête au « bavardage» des «Petits papiers japonais» de Susanne Rambach, joli ouvrage publié aux Editions Philippe Picquier.

Ces papiers d’emballage du sucré, du salé, sachets de thé, mais aussi pochette de disque, étui à baguettes jetables sont par essence éphémère. Susanne Rambach les a conservés et propose aux non initiés de découvrir leur secret. Ils ont beaucoup à nous apprendre sur les traditions, l’écriture et les références culturelles japonaises.

Ils se font l’écho de ces emballages végétaux tel que la feuille de bambou ou la paille de riz, destinés autrefois à protéger et conserver des aliments (fruits, poissons séchés, etc….) offerts à l’occasion d’une visite à la famille, d’un retour de voyage, ou du Bonrei (visite aux ancêtres morts).

L’emballage est toujours aussi soigneusement pensé aujourd’hui et fait l’objet d’une grande recherche, même s’il n’est plus en papier traditionnel. Il joue le rôle de mémoire de la culture nippone.

Le noshi, décoration en papier plié qui accompagnait traditionnellement les cadeaux, est aujourd’hui présent sous forme de signe imprimé sur l’emballage des produits alimentaires. Beaucoup comportent également un sceau, ainsi qu’un «mon», sorte d’emblème ou blason très graphique ou abstrait.

Tel emballage de thé de 1973 par exemple, provenant d’un magasin de thé du domaine Yamamoto, est orné de cercles, évoquant, d’après Susanne Rambach, «des sections de bambou accolées». Dans ces motifs s’inscrivent les ustensiles nécessaires à la cérémonie du thé: bols, théières, fouet de bambou.

Ce sachet pour cartes postales (de 2008), du Musée des Jouets Villageois du Japon, reprend sous forme de motifs stylisés les jouets phares des différentes fêtes: le cerf-volant, la toupie, le masque du renard, le couple impérial, etc… Il est typique de ce mouvement «mingei» pour le renouveau des objets d’arts populaires, lancé en 1925 par Yanagi Muneyoshi

Nous retrouvons sur certains paquets cadeaux des paysages célèbres. Ils sont les témoins de cet engouement des japonais pour les pélerinages vers les sanctuaires shintô, les temples bouddhiques, les lieux célèbres, et des cadeaux souvenirs («Omyage») tels les spécialités locales, ramenés à cette occasion.